8 choses à savoir sur la Rhinopneumonie

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– Entretien avec Louis-Marie Desmaizières –

Alors qu’un foyer d’épidémie de Rhinopneumonie s’est déclaré lors du CSI de Valencia en Espagne, les sports équestres se retrouvent à l’arrêt sur décision de le FEI afin de stopper la propagation du virus létal.

Afin d’en savoir plus sur ce virus, nous avons contacté Louis-Marie Desmaizières, vétérinaire fédéral, installé à « La Clinique du Cheval », qui a répondu à nos questions.

1/ Les symptômes

Cette épidémie fait intervenir le virus de la Rhinopneumonie sous sa forme EHV1 qui, en plus de problèmes respiratoires, va déclencher une vasculite (inflammation des parois des vaisseaux sanguins) se traduisant par un engorgement des membres, avec des lésions parfois étendues jusqu’au cortex cérébral ou la moelle épinière. C’est seulement dans ces rares cas qu’un cheval va déclencher des problèmes neurologiques.
La gravité de la maladie dépend grandement de la sensibilité individuelle de chaque cheval. Les signes cliniques nerveux sont donc une conséquence possible de l’infection et non d’une forme nerveuse à proprement parler puisque cela ne se produira pas chez tous les chevaux.
Le premier signe clinique observable chez un cheval est l’hyperthermie, avant même l’abattement, la perte d’appétit ou la toux avec jetages.

2/ La transmission

Le virus se transmet principalement par contact « nez à nez » de façon directe ou indirecte (matériel, mains, vent, …). Il faut donc rester vigilant en appliquant des gestes barrières similaires à ceux indiqués pour l’épidémie du SARS-CoV2 : notamment le lavage des mains et du matériel, avec une attention particulière à tout ce qui touche le nez et la bouche du cheval.

Le taux de contamination et la gravité de la maladie dépendent également de la charge virale présente. À Valence, par exemple, la charge virale sur site était très importante, ce qui a engendré par conséquent beaucoup de contaminations et des taux de « formes graves » plus forts.

3/ Le dépistage

Actuellement, en plus de l’analyse des signes cliniques, des systèmes de dépistage existent. À la manière des tests PCR pour le Covid, il existe des écouvillons nasaux pour rechercher les antigènes spécifiques à ce virus. Cela permet donc de prouver la présence de ce dernier dans le nez, zone où il n’est présent qu’une fois excrété soit après quelques jours d’incubation. Ainsi, via ces tests, on peut savoir si un cheval initialement atteint est apte à sortir de zone d’isolement ou non. Mais ces dépistages admettent, comme tous les tests, un taux de sujets faux-négatifs non négligeable.

« Ce n’est pas parce que le cheval est négatif qu’il n’a pas la Rhino ! »

Louis-Marie Desmaizières

Il est également important d’analyser le contexte épidémiologique et les contacts qu’un cheval aurait pu avoir avec un autre contaminé lors du dépistage.

4/ L’efficacité du vaccin

Concernant le vaccin, il est important de savoir que celui-ci n’est pas obligatoire mais fortement recommandé (notamment au niveau de l’élevage, puisque le virus est une des causes principales d’avortement).
Il ne permet pas d’éviter la maladie mais atténue grandement les signes cliniques et diminue les probabilités de développer des formes graves. Ainsi les chevaux vaccinés auront « une expression du virus qui va être moindre« .
Pourtant, « à Valence, il s’agit d’une attaque massive, donc même les chevaux vaccinés sont tombés malades avec des signes importants de fièvre« .

Image d’illustration via Pixabay

5/ Vacciner maintenant

Vacciner maintenant est un réflexe que Louis-Marie encourage vivement : « comme là nous avons un break d’un mois, c’est le bon moment pour faire le protocole : deux injections à un mois d’intervalle avec le rappel au mois d’août« . Cependant, il n’est pas conseillé d’attaquer la vaccination dans les écuries où il y a eu, et/ou où il reste des chevaux malades. Un vaccin peut-être dangereux pour un cheval qui sort d’incubation.

6/ Soigner la maladie

Il s’agit ici d’un virus donc, comme pour la grippe, c’est la fièvre qui va avant tout être traitée ; c’est ce que l’on appelle un traitement symptomatique, qui s’oppose au traitement étiologique s’intéressant à la cause des signes cliniques. C’est également possible d’ajouter des antibiotiques si une surinfection bactérienne est détectée.
Des traitements antiviraux peuvent également être donnés en prévention mais, encore une fois, leur efficacité dépend de la charge virale lors de l’exposition. Sauf lors de formes rares avec une forte charge virale associées à des atteintes neurologiques, il n’y a pas de réelles séquelles de la maladie, cela se traite donc comme un « gros rhume ».

7/ Les déclarations

Même si la Rhinopneumonie n’est pas une maladie à déclaration obligatoire (comme par exemple l’Artérite virale équine, la Métrite contagieuse équine et la Lymphangite épizootique), il faut conserver une vue d’ensemble et penser collectivement. Afin de créer un réseau et de savoir où en est l’épidémie, il est fortement conseillé de déclarer les cas pour cartographier les foyers et pouvoir gérer la propagation autant que faire se peut.

8/ La prévention

La rhinopneumonie est une maladie saisonnière, il est donc important d’adopter les bons gestes pour éviter à l’avenir ce qu’il s’est passé cette année.

Il faudrait par exemple revoir l’hébergement des chevaux sur les concours : privilégier les barnes d’une trentaine de chevaux plutôt que les grandes zones couvertes, comme c’était le cas à Valence. En effet, avec autant de chevaux dans un même espace clos et la chaleur qui s’ajoute à l’équation, ça peut vite devenir un réel « incubateur » si un cheval est contagieux.

Enfin, le règlement FEI (Art.1031) sur les concours préconise la prise de température au débarquement des chevaux ; appliqué à la lettre, il éviterait certaines dérives. Tout cheval suspect serait alors directement mis à l’isolement avant même d’accéder aux boxes. Par cette pratique, les risques seraient diminués de 99,9% puisque l’hyperthermie est l’un des premiers signes cliniques et, sans même parler de Rhinopneumonie, un symptôme commun à bon nombre de pathologies…

L’équipe d’Equestrian News adresse un grand merci à Louis-Marie Desmaizières pour son temps et ses explications claires et éducatives !
Propos recueillis par Clémence Chapelle.

Pour se renseigner encore d’avantage sur le Rhniopneumonie, il existe une page web élaborée par l’IFCE à ce sujet !

Louis-Marie Desmaizières et Olivier Bost – © Marie Oriol pour Equestrian News

Cette publication a un commentaire

  1. Lambert claire

    Il faut bien s’occuper des chevaux.Ils nous sont très utiles.

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