Les jeunes au micro – Théo Lemarre, son ascension raisonnée

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Compétiteur et jovial. Voilà, en deux mots, ce qui pourrait ressortir de cet entretien avec Théo Lemarre. Le jeune cavalier de 19 ans, plein d’esprit voue une véritable passion pour son sport. La tête sur les épaules, il a des objectifs qu’il souhaite atteindre mais sans brûler les étapes.

L’équitation était une évidence pour Théo Lemarre. En effet, ses parents ont créé un centre équestre voilà 18 ans. À 18 mois, tandis que certains commencent à courir, il était déjà à dos de poney. Il accroche avec la discipline et les choses sérieuses débutent véritablement à 4 ans.

« J’aime ce rapport avec l’animal »

Depuis le début et aujourd’hui encore, ce qui lui plait particulièrement c’est ce rapport avec le cheval. « Je considère mes chevaux comme mes amis. J’aime en prendre soin, les monter, les faire évoluer pour qu’ils atteignent le meilleur niveau dont ils sont capables. C’est une vraie fierté lorsqu’on y parvient » raconte celui qui admire particulièrement Nicolas Delmotte. « Il monte beaucoup dans le galop ce que j’aime beaucoup. De plus, il évolue avec des chevaux très différents et il parvient à les emmener au plus haut niveau. Ses parcours sont propres, le tracé soigné. Je trouve ça toujours intéressant à regarder, tout comme les parcours de Julien Epaillard.« 

Et, du côté des cavaliers étrangers, il avoue que l’équitation de Steve Guerdat ne le laisse pas indifférent. « Comme beaucoup non ? » s’interroge-t-il avec humour.

Steve Guerdat et Caracho sur la détente du CSI5* de la Baule
© Equestrian News / Maéva Stimfling

Du concours complet au CSO

Tout à donc commencé dans la Nièvre, au sein du centre équestre familial Horse Attitude, de Chantenay-Saint-Imbert. « J’ai commencé dans le club et j’ai rapidement attaqué la compétition, en concours complet et en CSO. » se rappelle-t-il. Il se passionne rapidement pour l’équitation mais s’oriente plutôt vers le CSO. « J’aime cette discipline, on peut sauter plus haut, on tourne court, il y a un petit quelque chose qui me plait vraiment, et puis, les concours complets sont rares dans notre secteur. Ça oblige donc à faire plus de route, nous avons plus de choix en CSO. » Cela ne l’empêche pas de travailler en dressage, sous les conseils attentifs de sa mère Helen Brown – ancienne cavalière de concours complet – et d’aller régulièrement sur le cross. « C’est idéal pour travailler le galop« . Et c’est généralement son père, Christophe Lemarre, qui le fait travailler en saut d’obstacles. Ainsi bien entouré, le jeune cavalier ne cesse de progresser.

Earl Grey, une jument destinée au club sur les épreuves pro

Des épreuves clubs, Théo Lemarre est donc passé aux épreuves amateurs puis pro. « J’ai notamment franchi des étapes avec Earl Grey Saint Georges. C’est une jument que nous avions acheté pour le club. Elle a fait la première année au club et été aux championnats. Mais, nous avons décelé en elle un talent important elle a donc intégré notre piquet« .

Ainsi, avec elle il est passé des épreuves club aux épreuves Pro en passant par les Grand Prix amateur. Et, à sept ans, la jument, surnommée affectueusement La Diva, avait déjà un ISO 143. « Je l’ai monté jusqu’en vitesse 140cm. Elle manque un peu de force pour les Grands Prix de cette hauteur. Mais, elle a tout ce qu’il faut pour les épreuves pro jusqu’à 140cm ». Malheureusement blessée cette saison, elle n’a pas pu courir beaucoup.

Adage, le cheval de tête de Théo Lemarre

Mais, Théo peut compter sur le tout bon Adage du Vernay, aussi surnommé El Patron. Un fils de Kalaska de Sémilly et Temlavie du Rondeau par Treasure Z, né à la maison. « C’est ma mère qui l’a monté jusqu’en 2020 environ. J’ai commencé à le découvrir pendant le Covid. Et ensuite elle me l’a laissé. Ensemble ils avaient évolué jusqu’en 140cm ».

Theo LEMARRE et ADAGE DU VERNAY en Avril 2023, à Compiègne
© Equestrian News / Klervïa Leporcher

Et, c’est ensemble que Théo et Adage ont fait leurs armes en 140cm puis 145cm et 150cm. « C’est fabuleux de faire ça ensemble » raconte son cavalier. Toutefois, ça n’a pas été toujours simple. « Il n’est pas surnommé El Patron pour rien » s’amuse Théo. Le cheval est pétri de sang et a un caractère bien trempé ce qui n’est pas évident à gérer. « Et puis, il n’aime pas qu’on lui fasse des blagues« . La précision est donc de rigueur avec ce cheval.

Pas toujours facile lorsque l’on monte beaucoup à l’instinct. « C’est une de mes qualités l’instinct mais il m’est arrivé de me tromper parfois  » reconnait le jeune cavalier !

Une vraie vie de cheval

Qu’il s’agisse d’Earl Grey ou d’Adage, tous deux ont beaucoup de sang. « C’est une qualité essentielle pour aller sauter les parcours aujourd’hui. Et, les éleveurs produisent beaucoup en ce sens. Mais par contre, je pense qu’il faut tout de même faire attention à ce que les étalons conservent un peu d’os. À force de les alléger et de les rapprocher du sang on finit par perdre un peu cela » analyse Théo.

Ces deux là, comme tous les autres chevaux de l’écurie, bénéficient d’une belle vie au pré sur les cinquante hectares qui composent la propriété. « Adage vit seul dans son pré avec son abri. Il n’est pas très sociable, il a son caractère ! Mais, les autres chevaux de sport vivent par petits groupes de deux ou trois. Ils sont déférés derrière pour éviter les risques. C’est un mode de vie idéal, ils marchent toute la journée et puis ce sont des animaux grégaires« . Et c’est d’autant plus agréable pour les monter lorsque ce sont des chevaux avec beaucoup d’énergie !

Une belle relève en préparation

Si Adage accompagne Théo au plus haut niveau, il compte aussi d’autres chevaux prometteurs dans son piquet. « J’ai notamment deux bonnes 6 ans : Cléo de Will Z et Happy d’Eole avec lesquelles je sors en 130cm. Cléo est très prometteuse. Elle a d’ailleurs fait sensation à Lyon. Je pense qu’elle pourra épauler Adage dans le futur » raconte le cavalier. Il a aussi d’autres jeunes chevaux en formation notamment Judicieux du Vernay, le frère utérin d’Adage qu’il a débuté cette année. « J’ai aussi une cinq ans très sympa que je n’ai pas encore sortie en concours« .

L’une des particularités du jeune cavalier c’est qu’il ne sort pas dans les épreuves jeunes chevaux. « En parallèle de l’équitation, je fais un BTS en informatique avec le CNED pour assurer l’avenir. Donc, en général, en semaine je travaille les chevaux une demi-journée et l’autre est consacrée à mes études« . Et ce, du lundi au jeudi puisque le vendredi il est bien souvent en concours. « Si j’ajoutais à cela des concours jeunes chevaux en semaine, je risque de ne plus avoir du tout de temps pour mes études ! ». Et, il est pour lui essentiel d’assurer l’avenir en cas d’accident ou si besoin pour compléter les revenus financiers.

Le circuit Grand National, très formateur

Cela fait maintenant deux saisons que Théo Lemarre a rejoint l’équipe FG Equiteam Equideos composée de Youri Trotereau et Gaetan Poidvin. Et ce, non sans succès puisqu’il s’est notamment classé 3e du Grand Prix Pro Elite 150cm de Saint-Lô en décembre 2022 à seulement 18 ans avec Adage après un classement dans celui de Tour Pernay quelques mois auparavant.

« J’aime bien le circuit du Grand National car il permet de prendre de l’expérience dans les épreuves à 150cm sans courir en international. Les parcours sont toujours très bien montés, très techniques et très intéressants. Et, en plus il y a toujours des épreuves dans lesquelles on peut faire courir les autres chevaux qui ont moins d’expérience ce qui n’est pas toujours le cas en international. On ne peut pas toujours avoir une telle diversité d’épreuves » explique-t-il.

Un pas après l’autre

Le jeune cavalier a la tête sur les épaules. Et s’il ne manque pas de rêves, pas question pour autant de brûler les étapes. « Cette année j’aimerais me qualifier pour les championnats Pro Elite avec Adage. » explique Théo Lemarre. Et, il souhaite aussi poursuivre la progression de ses jeunes chevaux. Les championnats d’Europe Jeunes Cavaliers, il y pense. « Mais, pour cela, il faut être sélectionné. On verra. Ça dépendra de la forme d’Adage, de la mienne et de nos résultats ! » En attendant, il poursuit son travail pour encore s’améliorer. « Il faut que je fasse attention parce que parfois je passe à côté de classement parce que je n’ai pas le bon galop dès le départ. Et je dois encore veiller aussi à ne pas trop me jeter en avant. Je travaille là-dessus aussi« . Le cavalier souhaite par ailleurs davantage se professionnaliser pour la suite.

À plus long terme, j’aimerais devenir un véritable cavalier professionnel et je dois mettre en place l’organisation pour cela. Avec bien sûr, un rêve en tête, celui de tout cavalier, participer un jour au Jeux Olympiques. « Et bien sûr je rêve aussi de participer à des concours 5*, comme Aix-la-Chapelle. Ça doit-être vraiment quelque chose » confie, rêveur, Théo. Alors, c’est tout ce qu’on lui souhaite et nul doute qu’il se donnera les moyens pour y parvenir ! Car Théo n’est pas du genre à se laisser abattre, en témoigne sa ceinture noire de judo, autre sport qu’il pratique avec passion !

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