Urvoso du Roch, sensible et courageux

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Aujourd’hui, nous partons à la rencontre d’Urvoso du Roch. Ce nom, ne vous est certainement pas inconnu puisqu’il a brillé sous la selle de Nicolas Delmotte notamment aux Jeux Olympiques de Tokyo. Depuis, le crack a pris son envol vers les terres irlandaises où il poursuit sa carrière sous la selle du jeune et non moins talentueux Tom Wachman sous l’œil avisé de son coach Cian O’Connor.

La naissance d’un crack, fruit d’échanges et d’amitié

Urvoso du Roch est un fils d’Emilie du Grand Bois par Almé et du talentueux NervosoUrvoso est né à la Ferme Saint Roch à Cavron Saint Martin dans le Pas-de-Calais. Antoine Bollart, agriculteur et passionné par les chevaux acquiert en 1996 Émilie du Grand Bois à l’âge de 4 ans. Elle débute en concours mais se blesse à un antérieur ce qui l’empêche de poursuivre une carrière sportive. Alors, Antoine Bollart la met à la reproduction. Et c’est ainsi qu’elle deviendra la mère de ce futur crack.

Antoine Bollart le naisseur d’Urvoso et Emilie du Grand Bois, la mère du crack alezan

Emilie du Grand Bois donne alors naissance à plusieurs poulains dont Merveille du Roch, par Aristrocrat’Jac. Suivant les conseils d’un ami, son naisseur confie cette jument à Bruno Brouqsault qui la monte jusqu’à la finale des 6 ans pour la commercialiser. Et un lien professionnel mais aussi d’amitié se tisse entre les deux hommes. Tant et si bien que Bruno met ses chevaux d’élevage dans les prairies d’Antoine pendant plusieurs années. Et, les contacts entre les deux hommes deviennent donc nombreux.

« C’est grâce à la rencontre et aux échanges avec Bruno Brouqsault qu’Urvoso est né. Il a su me conseiller sur les croisements par rapport aux origines de ma jument. Et, Nervoso qu’il montait et dont il était copropriétaire, correspondait aux critères. Je choisi toujours les saillis avec l’aide et les conseils avisés de Bruno, de Gênes Diffusion et du Haras de Brullemail. Grâce à ces échanges, je cherche à faire les meilleurs croisements possibles pour faire naitre de bons chevaux » confie l’éleveur. En 25 ans, pas moins d’une vingtaine de poulains sont ainsi venus au monde à l’élevage dont Urvoso du Roch.

Un battant dès son plus jeune âge

C’est ainsi que le 6 juin 2008 Emilie du Grand Bois donne naissance à Urvoso. Le foal est alors touché par un virus qui l’affaiblit beaucoup. Il est perfusé pendant trois semaines et se bat, entouré de son éleveur, pour rester en vie. « C’est sûrement de là qu’il tient son tempérament de battant » raconte Antoine Bollart qui depuis a fait naitre deux chevaux du même croisement : Vulcain du Roch et le prometteur Génie du Roch. « Nous avons aussi eu la naissance cette année de Légende du Roch, par Texane du Roch, fille d’Emilie du Grand Bois et Calvaro qui ressemble beaucoup à Urvoso ».

Alors qu’Urvoso est âgé de quelques mois, Antoine Brolliart l’emmène avec Emilie du Grand Bois pour la faire inséminer. « Je dis alors au véto, il est beau mon poulain non ?« . Et, celui-ci lui a répondu « oui, c’est un beau poulain; mais bon ne pensez pas que vous irez faire les Jeux Olympiques avec non plus« … L’éleveur lui a alors répondu « On ne sait jamais« . Et effectivement, il ne croyait pas si bien dire.

À sa naissance, Urvoso a souffert d’un virus mais s’est battu. À peine né, il était déjà très courageux.
© Coll. privée

Un début de carrière discret

Le cheval débute sa carrière sportive à l’âge de 5 ans sous la selle de Claire Salem. À 6 ans, Cyrille Comte, Louis Bernast et Paul Echelard le monteront successivement. Paul Echelard le conservera l’année de ses 7 et 8 ans le faisant évoluer jusqu’en CSI. C’est alors qu’il est repéré par Laurent Guillet qui le monte sur quelques épreuves à 1,35 m. « Il m’a appelé et m’a dit Nicolas, je pense que j’ai vraiment un crack cheval pour toi » racontait Nicolas Delmotte à Kamel Boudra dans le numéro de Ride to Tokyo qui lui était consacré. Le cavalier vient alors l’essayer et a un véritable coup de foudre. Sa propriétaire, moins. « Elle cherchait une jument baie de 7 ans ». Autant dire que ce hongre alezan ne correspondait pas vraiment aux critères !

Urvoso du Roch ne correspondait pas au critères du cheval que recherchait sa future propriétaire mais elle a fait confiance à Nicolas Delmotte
© Equestrian News/Salomé Leclerc

Urvoso du Roch, pilier de l’équipe de France

Mais Marie-Claudine Morlion fait confiance à Nicolas Delmotte et achète Urvoso. Le cavalier prend son temps pour l’emmener au plus haut niveau, commençant avec des épreuves à 1,25 m. « Il avait beaucoup de retard mais c’est un cheval courageux avec beaucoup de force et très intelligent ». Finalement Urvoso du Roch se retrouve propulsé sur le devant de la scène lors de la blessure d’Ilex VP le cheval de tête de Nicolas. En 2019, l’alezan participe à ses premiers championnats d’Europe et termine à une honorable seizième place en individuel.

Et il dévoile alors tout son talent jusqu’à glaner ses plus belles victoires en 2021 en remportant Le Grand Prix de La Baule, le Grand Prix de Chantilly et le mythique Grand Prix d’Aix la Chapelle. Et, on n’oublie pas non plus qu’il a réalisé les meilleures performances aux Jeux Olympiques de Tokyo en terminant douzième en individuel. Il n’avait malheureusement pas pu participer à la finale par équipe car il a souffert de coliques la veille. Ainsi, pendant plusieurs années, ce cheval était devenu un véritable pilier de l’équipe de France.

Victoire de Nicolas Delmotte & Urvoso du Roch à La Baule en juin 2021

Départ en terre irlandaise

Sélectionné pour la finale de la Coupe des nations de Barcelone, coup de théâtre, on apprend que le couple ne s’y rendra pas. En effet, Nicolas Delmotte et la propriétaire d’Urvoso ont décidé de le vendre. L’âge ayant été un critère décisif.

C’est ainsi qu’Urvoso du Roch a traversé la Manche pour rejoindre une autre bonne monture, puisque le frère ainé de Tom Wachman, Max Wachman, a récupéré pour sa part la monture olympique de Simon Delestre Berlux Z. La jeune génération irlandaise est ainsi bien équipée pour l’avenir. En tout cas, les premiers parcours du couple nouvellement formé par Tom et Urvoso sont très prometteurs. En effet, ils viennent de remporter une épreuve en deux phases à 1,30 m lors du CSI** de Vejer de la Frontera et une vitesse à 1,40 m lors du CSI***.      

S’il y a une chose que tous ceux qui l’ont croisé s’accordent à dire c’est qu’il s’agit d’un cheval sensible et courageux. C’est ce que racontait sa groom juste avant leur départ pour les Jeux Olympiques de Tokyo. C’est peut-être d’ailleurs ce qui aura causé ses coliques là-bas. En tout cas, Urvoso du Roch aura merveilleusement représenté la France ces dernières années sous la selle de Nicolas Delmotte et nous ne l’oublierons pas !

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