Flash: prendre de l’expérience à l’étranger

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« Les voyages forment la jeunesse » dit le dicton. Et, lorsque l’on est jeune c’est le moment idéal pour partir à la découverte de nouveaux horizons. De nombreux « jeunes » cavaliers en profitent pour aller prendre de l’expérience à l’étranger. Les raisons sont multiples : améliorer la technique équestre, découvrir de nouveaux fonctionnement et apprentissage ou perfectionnement d’une langue étrangère. Quoi qu’il en soit, ces immersions sont toujours très riches. Nous avons échangé avec Valentine Delaveau, cavalière de CSO et Zazie Gardeau, cavalière de complet, qui nous parlent de leurs motivations et de leurs séjours.

Améliorer l’anglais

Une fois son bac littéraire obtenu en 2020, Valentine Delaveau intègre un IUT Technique de commercialisation. « Finalement, l’équitation occupait une place trop importante. J’ai donc laissé de côté mes études pour me consacrer pleinement à ce métier » raconte-t-elle. Toutefois, la tête sur les épaules, elle désire se perfectionner sur différents points. Aussi, la motivation principale de Valentine Delaveau lorsqu’elle est partie pour la première fois à l’étranger était de perfectionner son anglais. « J’avais des bases mais je devais apprendre à parler encore mieux, surtout pour le commerce. J’ai commencé par un stage de quelques mois chez Marlon Brando Zanotelli. J’échangeais en anglais avec lui et son épouse, Angelica Augustsson-Zanotelli, une Suédoise. Comme ce n’était pas leur langue natale, c’était facile de comprendre. C’était une bonne première expérience à l’étranger « .

Après cette première immersion dans une écurie hors de nos frontières, la cavalière de CSO est ensuite partie quelques temps chez Rick Emerick en Belgique. « Lors de ce stage, j’ai pu travailler davantage sur la partie équestre » se rappelle la jeune femme. Et, désireuse de s’améliorer encore, elle cherche une nouvelle opportunité à saisir. « Mes parents ont donc contacté Rodrigo Pessoa, qui est un ami de la famille, pour savoir s’il n’aurait pas des connaissances désireuses de compléter leur équipe. Et, il a appelé Cian O’Connor qui était alors en Floride pour le Winter Equestrian Festival « . Le pilote irlandais est intéressé. Et, c’est ainsi que Valentine s’est envolée au mois de février pour Wellington.

Une expérience incroyable

Pour Valentine Delaveau, cette expérience à l’étranger a été extraordinaire. « Les États-Unis c’est vraiment une autre galaxie ! Et, je dois reconnaitre que j’ai été très bien accueillie par toute l’équipe de Cian. Une team d’Irlandais absolument formidables. » La cavalière a eu l’opportunité de monter les chevaux de Cian O’Connor mais aussi ceux de ses élèves Tom et Max Wachmann. « J’avais besoin de partir monter d’autres chevaux, de prendre une nouvelle expérience « . Une fois la tournée à Wellington terminée, Valentine Delaveau a passé quelques temps dans les écuries du cavalier en Irlande.

Dans l’ensemble, la cavalière a beaucoup appris à cheval mais aussi en termes d’organisation et de fonctionnement d’écurie ce qu’elle a particulièrement apprécié. Car, bien qu’immergée dans ce monde professionnel depuis sa plus tendre enfance, découvrir de nouveaux horizons lui a permis de s’ouvrir le champ des possibles et de tester d’autres façons de faire. « Cela m’a donné de nouvelles idées pour notre écurie. Je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas  » indique Valentine. Autre point que la talentueuse amazone a aimé lors de ce séjour, c’est d’avoir été appréciée pour ce qu’elle était en tant que telle. « Je n’étais pas leur fille ou leur amie. Et, j’avais aussi besoin d’une telle expérience en dehors d’un cadre familial pour avoir un regard extérieur sur ma façon de faire « .

Prendre toujours plus de métier

Gonflée à bloc après ces différentes expériences à l’étranger, la jeune cavalière a rejoint les écuries familiales où elle travaille avec son père. Cette année, elle souhaite continuer à performer avec Caschmir du Pomiez (SF par Lando et Mariosa de la See par Concorde) et continuer la progression de Jewel of Luidam (KWPN par Luidam et Zamira B par Rash R). « C’est un cheval avec un mental exceptionnel dans lequel je crois beaucoup. Je veux l’amener à épauler Caschmir « . La cavalière a également dans son piquet plusieurs chevaux de l’élevage de Bernard-Pierre Le Courtois du Haras de Brullemail dans leur année de six ans.

Mais, déterminée à progresser d’avantage et n’ayant pas peur de travailler, la cavalière cumule cette activité au sein de l’écurie familiale avec un autre emploi. En effet, elle travaille également tous les matins dans les écuries de Benjamin Ghelfi, président de l’Agence Fences. « Je n’ai que six chevaux à la maison. Et, si on veut être cavalier professionnel, il est nécessaire d’être capable d’en monter beaucoup, des différents et de tous les âges « . Ainsi, chez Benjamin Ghelfi, elle monte tous les matins beaucoup de chevaux, principalement des jeunes. « Je veux monter le plus possible et sauter le plus possible pour prendre du métier. J’apprends beaucoup à ses côtés. C’est un grand businessman et un grand travailleur. Je participe aussi à la partie commerce. C’est un aspect essentiel du métier de cavalier professionnel. À quelques exceptions près, à savoir Vivaldi et Ayade de Septon, j’ai toujours monté des chevaux pour les valoriser et les vendre « . Valentine s’inspire ainsi de ceux qu’elle rencontre et se forge sa propre opinion sur les façons de travailler avec pour objectif d’être capable de voler de ses propres ailes et monter plus tard sa propre écurie.

Transformer une obligation en une magnifique opportunité

C’est une autre histoire que celle de Zazie Gardeau. En effet, la championne d’Europe Jeune Cavalier en titre, est non seulement une brillante cavalière de concours complet mais suit également des études d’ingénieur à l’INSA Toulouse. « Dans ce cadre, je devais partir à l’étranger pour un semestre. Alors, je me suis dis autant joindre l’utile à l’agréable « . Et, pour elle, un souhait : partir chez un grand cavalier comme Andrew Nicholson ou chez Tim et Jonelle Price. Des grands cavaliers de concours complets basés en Grande-Bretagne. Finalement, c’est chez Andrew que la jeune cavalière obtient une place tout en ayant aussi la possibilité d’intégrer la fac en génie biologique à côté pour poursuivre ses études. « J’ai pu emmener César de Cormarin LA (SF par Nouma d’Auzay et Sissi de Commarin par Idéal de la Loge) et Daikiri (OES par Argento et Dalias par Alias). Ça fait presque quatre mois que je suis là-bas et je me régale «  confie la cavalière qui souhaite être compétitive au niveau 4* avec César et emmener progressivement sa jument à ce niveau-là.

Prendre de l'expérience à l'étranger
L’herbe est parfois plus verte ailleurs… En tout cas, elle l’est plus en Angleterre qu’en région toulousaine © Collection privée

Bouleverser ses habitudes

« Sur le plan technique c’est très riche. C’était toutefois assez déstabilisant au départ car les repères sont très différents de ce que j’avais connu  » poursuit-elle. Andrew Niccholson monte notamment avec beaucoup de jambes. « Il trouve que nous, la nouvelle génération, on n’en met pas assez. Il veut que je les utilise plus sur les trois tests « . Par ailleurs, le champion lui a donné un autre conseil de taille. « Il faut être décisionnaire de tout. Pour lui, même si tu n’as pas la bonne foulée il faut être acteur. Il faut être convaincu de sa bêtise  » raconte-t-elle en rigolant.

Cumulant ses études à l’université de Bath avec cette immersion au sein des écuries, la cavalière ne monte que ses chevaux sous l’oeil avisé du grand champion. Mais elle savoure. « La saison des concours a commencé. J’ai pu découvrir les concours à l’Anglaise, même si certains ont été annulé à cause de la météo qui avait détérioré le terrain «  racontait Zazie lors de notre échange. Et, en parlant de cela, c’est peut-être ce qui perturbe le plus la jeune fille ! Toulousaine, elle n’avait jamais connu autant de pluie, mais jamais vu non plus d’herbe aussi verte dans les prés, ce qu’apprécient particulièrement César et Daïkiri qui peuvent en profiter tous les jours… Et, comme l’indique la cavalière, les infrastructures chez Andrew sont exceptionnelles et prévues pour ces intempéries. « Les prés sont fantastiques, nous avons un manège; une grande carrière en sable, plusieurs carrières en herbe. Cela permet de s’entrainer dans toutes les conditions « .

Autre point surprenant pour la cavalière française, le déroulement des concours complets en Angleterre. « On courre les trois épreuves en deux heures. Ça s’enchaine très vite. Je trouvais cela très dur au départ. Puis, on prend le rythme. Je pense que cette expérience va encore nous endurcir  » s’amuse-t-elle.

Cumuler vie professionnelle et haut-niveau

Zazie finit son semestre scolaire fin mai. « Je souhaite rester jusqu’au CCI de Bramhmam au mois de juin avant de rentrer en France et poursuivre mon double cursus pour finir mes études d’ingénieur biologique « . En effet, si la cavalière désire plus que tout poursuivre au plus haut niveau, elle ne souhaite cependant pas être cavalière professionnelle. « Je souhaite conserver l’équitation en loisir uniquement. Le sport de haut niveau moderne nécessite d’importants moyens. Du haut de mes 21 ans, je ne me vois pas dans ce système exclusif. Je préfère avoir mon travail d’une part et pratiquer le sport à côté. Je ne souhaite pas faire du commerce avec mes chevaux. Alors, je veux réussir comme ça, même si ce n’est pas toujours évident de tout mener de front et que ça n’est pas toujours compris surtout par les professeurs « .

Zazie Gardeau
Zazie Gardeau et César se sont bien adapté à leur immersion en Angleterre et se sont classés deuxièmes de leur première « Advanced« , équivalent CCI4*. © Collection privée

Deux parcours différents pour ces cavalières mais deux fortes personnalités déterminées à atteindre leurs objectifs. Nul doute qu’entre leur travail et leur talent, toutes deux sauront se frayer un beau chemin pour créer l’avenir professionnel qui leur ressemble et qu’elles méritent.

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