Les Jeunes au Micro : Charlotte Bordas
Jeune cavalière de concours complet talentueuse et enthousiaste, Charlotte Bordas a eu la possibilité d’intégrer le Pôle France à Saumur pendant deux ans. Après cette expérience très riche, elle a récemment rejoint les écuries de Thomas Carlile pour se perfectionner et en apprendre plus encore sur le métier.
Le complet, une évidence
Dès son plus jeune âge, Charlotte Bordas s’est retrouvée sur le dos d’un poney. « Mon oncle était cavalier de concours complet et m’a initié aux plaisirs de l’équitation » raconte-t-elle. Elle commence ensuite à monter en centre équestre. « Vers 7 ans, je suis passée à cheval. Je préférais aux poneys » raconte-t-elle. Et, c’est à 9 ans, qu’elle réalise son premier concours officiel en Club 3 sur Halos des Laquais, en concours complet évidemment. Et, la jeune cavalière se prend de passion pour la discipline.
Elle évolue ensuite dans différents centres-équestres avant de rejoindre les écuries de Gilles Bordes et Katia Rouchette. « C’est alors qu’ils ont dit à mes parents que cela vaudrait peut-être le coup de me trouver un cheval capable de faire de plus grosses épreuves. Ils pensaient que j’en étaient capable » raconte Charlotte. Les parents suivent donc ce conseil. Tant et si bien que qu’en 6 mois seulement la cavalière passe des épreuves Club 1 à Amateur 1. Elle poursuit ensuite en As jeune Elite et est alors repérée par Michel Asseray qui lui propose d’intégrer le Pôle France. « Mais je n’avais que 15 ans, j’étais trop jeune, ce n’était en fait pas possible à ce moment-là ».
L’arrivée au Pôle France
Finalement c’est à tout juste 17 ans que Charlotte Bordas rejoint le Pôle France. « J’ai voulu saisir cette opportunité d’aller à Saumur, même si cela impliquait de quitter mon lycée, mes amis, mon rythme de vie. Et, j’ai bien fait, même si la première année a été un peu compliquée ». En effet, alors seulement en terminale, il lui faut gérer les études en plus du Pôle où elle débarque avec ses deux chevaux, As Boy de Kappa (Tinka’s Boy et Osiris du Costil x Rosire) et Firewall des Aucels Z (Florian de la vie et Marylou des Aucels par Totoche du Banney) qu’elle ne connaît pas encore bien « Techniquement je n’étais pas encore au point avec eux. J’ai eu beaucoup de haut et de bas. Heureusement, j’étais avec Jade Bourguet et Joséphine Héteau au Pôle et nous formions une vraie équipe. Nous nous sommes bien soutenues ».
Elle s’entraine avec Philippe Mull, écuyer du Cadre Noir et entraineur des jeunes cavaliers du Pôle, qui lui apporte de nombreux conseils techniques dans les trois disciplines. Michel Asseray intervient également ponctuellement. Le travail des chevaux est planifié chaque semaine en fonction des objectifs et des concours à venir. Une organisation quasi militaire se met en place.
Un rythme soutenu
Cette première année est bien remplie. « J’allais en cours de 8.30 à 12.30, ensuite j’avais la pause déjeuner pendant laquelle j’allais monter un premier cheval. Mon père m’accompagnait. Je me changeais et avalais rapidement un sandwich dans la voiture. Ensuite, je retournais en cours jusqu’à 16.30 puis j’allais monter le deuxième cheval avant l’heure de préparation physique. Il restait à faire les soins aux chevaux avant de rentrer vers 20h-21h pour diner et faire mes devoirs. C’était intense mais ça m’a beaucoup forgé » décrit-elle. Et, Charlotte parvient à tout mener de front.
Elle finit cette première année au Pôle France avec une sélection aux Championnats d’Europe en individuel et son bac obtenu avec la mention Bien. « Cette première année, j’étais obnubilée par les qualifications, même trop et cela ne m’a pas aidé à être performante. Mais, j’ai réussi finalement sur les derniers concours à obtenir ma sélection. J’étais heureuse pour cette première participation de ne courir qu’en individuel où je finis 12e avec As Boy que je découvrais depuis seulement quelques mois ».
Vers une sélection en équipe de France
La seconde année au Pôle, Charlotte passe en Jeunes Cavaliers et suit en parallèle des études de droit. Ce qui a été, d’après la cavalière, une sacrée marche à franchir. Mais, elle commence à mieux connaître ses chevaux et grâce aux entrainements au Pôle France, elle progresse avec As Boy et Firewall. Elle termine notamment 1ère et 4e à lors du Grand National de Saumur, remporte la victoire dans le CCI3*L de Kronenberg (Ned) avec As Boy où elle termine aussi 2e avec Firewall, et gagne la médaille de bronze aux Championnats de France Jeune Cavalier. « La sélection pour les championnats d’Europe est venue à moi cette année-là ».
Après réflexion, elle choisit d’emmener As Boy à Hartpury en Angleterre au championnat d’Europe. « Il réalise un très bon dressage et un super cross qui était pourtant très gros et difficile. » Le binôme sort du cross avec quelques points de temps dépassé. « Sur la fin du cross, j’ai senti qu’il fatiguait un peu. Il sortait de la maladie de Lime. J’ai préféré le protéger pour qu’il est encore de l’énergie pour le lendemain. Et, j’ai bien fait parce que nous sortons sans faute du CSO. Alors c’est certain que l’équipe rate le podium de peu et que je m’en suis voulue pour cela, mais je ne voulais prendre aucun risque pour mon cheval. Il passe avant toute médaille » raconte la cavalière.
La préparation mentale a sauvé la saison de Charlotte Bordas
À l’occasion de son séjour au Pôle France, Charlotte a pu bénéficier d’une préparation mentale. « Ce n’est pas obligatoire mais cela nous est proposé. Et, sans cela je n’en serais pas où j’en suis aujourd’hui. Après l’international de Saumur ça a été le trou noir et c’était difficile pour moi de rebondir. Grâce au travail effectué avec Anne Le Coniat, la préparatrice mentale à l’IFCE et Bertrand Guérineau, psychologue du sport, j’ai pu sortir la tête de l’eau et continuer ma progression ». C’est ce qui lui a permis de faire cette très belle saison. « J’ai appris à gérer la pression. Le mental est indispensable dans le sport. Je pense que sans cela je n’aurais pas réussi de telles performances en 2022, notamment la victoire de Kronenberg (Ned) ».
Se confronter au vrai
Finalement à l’issue de ces deux années riches en enseignement passées au Pôle France, Charlotte Bordas a envie de plus, de découvrir autre chose. « On est très protégé au Pôle. On a un rythme bien organisé, on ne monte que nos chevaux, j’avais envie de rentrer dans le vrai. Je voulais voir me confronter à la réalité du métier ». Cette idée lui trotte dans la tête. Elle se rend aux Championnats de France jeunes chevaux de Pompadour où elle monte sa 6 ans, Garance du Sham ((Catchar Mail et Despina C’SG par Quite Easy). Ces mêmes championnats qui sont remportés par Thomas Carlile avec le cheval familial Hermes Gay (L’arc de Triomphe et Glowing Love par Hand in Glove) chez les 5 ans. « Et, là je me suis dit que s’il y avait bien un cavalier chez qui aller, c’était chez Thomas ! ».
Elle annonce donc sa décision dès le lendemain à ses parents. « Nous nous sommes revus quelques semaines après avec Thomas et ça s’est décidé ». Il déclarait sur les réseaux sociaux : « C’est avec une grande fierté que j’accueille Charlotte Bordas au ici Graffard. Je suis heureux de pouvoir prendre sous mon aile une jeune cavalière aussi prometteuse et passionnée de notre discipline. Lui montrer au quotidien mon système, mes méthodes, les cycles de la saison. S’enrichir mutuellement avec l’objectif de toujours progresser ».
Une progression déjà palpable
C’est ainsi que début décembre, la jeune cavalière a commencé sa nouvelle aventure chez le brillant cavalier de concours complet. Autant dire qu’il tient sa promesse et échange beaucoup avec la jeune cavalière. « Je vis un rêve éveillé. Je découvre vraiment le fonctionnement d’une telle écurie, tant pour les soins que pour le travail des chevaux. Thomas me fait monter plein de chevaux différents, des jeunes et des vieux et m’encadre avec. Il me fait également travailler avec les miens et je vois nettement l’évolution ». En plus, As Boy est revenu aux sources, il était en effet monté par Thomas pendant quelques mois avant de passer sous la selle de Charlotte. Il revient ainsi au Graffard, dans les très belles installations du professionnel. Et le cavalier peut partager son expérience et son ressenti sur le cheval avec sa nouvelle cavalière.
Parmi les premiers enseignements tirés de ces deux premiers mois, Thomas a notamment conseillé à Charlotte d’en faire un peu moins avec ses chevaux. « Je suis une travailleuse acharnée et j’avais tendance à vouloir trop en faire » reconnaît la cavalière. Et, que ce soit avec As Boy ou Firewall, le nouveau rythme de travail leur convient mieux et la confiance est restaurée. « Par exemple c’était compliqué à l’obstacle avec Firewall. Et, grâce au travail effectué avec Thomas, nous sommes dans une bonne dynamique. Il est plus heureux et il veut jouer avec moi. Il me pardonne des fautes ce qu’il n’aurait pas fait avant ».
Une expérience dingue
La jeune cavalière est plus qu’heureuse de cette nouvelle expérience. « L’équipe est fantastique. Je progresse aussi sur la rigueur. Rien n’est laissé au hasard. C’est indispensable à ce niveau-là ». Et, monter des chevaux différents s’avère aussi très enrichissant. « Je n’avais l’habitude de monter que les miens. Là, je dois m’adapter à chaque cheval qu’il soit jeune ou vieux. Ce passage chez Thomas était indispensable dans ma progression. Si je veux être une cavalière complète, je dois savoir faire tout cela ».
Alors, pour profiter pleinement de cette expérience, Charlotte a laissé un peu de côté ses études. « Je veux mettre à profit ce moment-là et ne pas faire les choses à moitié. Mais je suis en train de voir avec l’université de Grenoble pour mettre en place un programme plus adapté pour l’année prochaine ». En attendant, la jeune cavalière poursuit sa prise d’expérience auprès de Thomas Carlile et son équipe. « Je vise les Championnats d’Europe cette année encore. J’espère faire une belle saison. Je suis ravie d’intégrer la team Carlile et ramener de belles victoires qui seront des victoires d’équipe » poursuit-elle.
Charlotte Bordas conclut : « Je tiens à remercier l’IFCE et la Fédération pour mes deux années au Pôle France qui m’ont beaucoup apporté, mais aussi Thomas et Camille (Coton, ndlr) de m’accompagner dans de telles conditions. Et enfin, bien sûr, ma famille : mes parents, grands-parents, mon oncle… Tous me soutiennent réellement et sans eux, rien de tout cela n’aurait pu arriver ». On souhaite à cette jeune cavalière déterminée d’atteindre tous ses objectifs et qu’elle continue de transmettre son enthousiasme autour de cette discipline.
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