Sport, Cheval et Santé – Les chevaux pour accompagner l’après cancer du sein

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Certes, la campagne Octobre Rose est terminé mais il n’y a pas de limite pour parler des sujets qui importent ! Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme.
Les patients, une fois diagnostiqués, subissent plusieurs années de traitement : chirurgies, chimiothérapies, radiothérapies, hormonothérapies, chirurgies de reconstruction, etc. Le chemin vers la guérison est long, très long, malgré les améliorations constantes des prises en charge rééducatives.

De nouveaux programmes de rééducation sont élaborés régulièrement et tous s’accordent sur le bénéfice indiscutable de l’activité physique. « Pratiquer au moins 3 heures d’activité physique hebdomadaire réduit les risques de récidive de 20%. Un pourcentage qui grimpe à 50% au-delà de 9h d’activité physique par semaine ! » lit-on sur le site de l’institut Curie. Et encore, c’est l’aspect purement biologique. Au niveau psycho-social, le bénéfice de l’activité physique est également non-négligeable.

Mais voilà, ce n’est pas si simple que ça… « Les médecins vous disent, allez, faites du sport chez vous ! » témoigne Emmanuelle Fessy, cavalière et instructrice en dressage. « Mais bon courage pour vous motiver à aller courir, seul, en hiver, quand la fatigue des traitements fait rage. »
C’est bien pour cette raison qu’existent le sport adapté, et les programmes collectifs. Mais, souvent, même ces activités manquent de sens et ne permettent pas aux patients de s’épanouir dans la pratique physique.

DR – Emmanuelle Fessy
© Julie Tonneus / Domaine du Chaffat

Donner du sens à l’activité physique

Les bienfaits de l’activité physique en rééducation du cancer du sein sont donc largement reconnus. Mais, « bouger dans une salle, même en groupe, c’est assez peu motivant pour être honnête. C’est aussi retourner à l’hôpital, et c’est forcément chargé émotionnellement ». C’est là que les chevaux entrent en jeu, pas forcément en leur qualité de monture mais simplement en tant qu’accompagnants à l’activité physique. Il n’est plus inconnu que la médiation équine a des bienfaits massifs sur la santé psychique. Oublier un instant sa pathologie au contact des chevaux tout en utilisant son corps et en créant des liens avec un groupe, c’est l’effet recherché.

Et pourtant, ça va être du travail ! Car il n’est pas du tout prévu de négliger les tâches manuelles, dans la mesure du possible évidemment. Renforcer les membres supérieurs en brossant, sellant un cheval : c’est déjà un effort conséquent pour des corps qui ont subi une chirurgie donnant lieu à des restrictions de mobilités des épaules. Il en va de même pour le reconditionnement cardio-vasculaire.

« Marcher avec un cheval en main a tellement plus de sens que de marcher seul. »

Emmanuelle Fessy

« La nature, les animaux, la méditation, le yoga, l’hypnose, la culture, le sport et l’équitation m’ont vraiment aidée et à présent je souhaiterai me servir de mon expérience et de la force que tout cela m’a apporté pour aider les autres. » explique Emmanuelle.
À l’annonce du diagnostic de cancer du sein, elle avoue avoir pensé à arrêter son activité d’éleveuse. « Avec deux jeunes enfants et un diagnostic de cancer du sein, on a d’abord envie de tout envoyer valser ! Les chevaux, ça semble secondaire à ce moment-là. J’ai eu la chance d’avoir un entourage qui m’a aidée et convaincue de ne pas arrêter. Ce n’était pas facile tous les jours : rien que conduire jusqu’aux écuries, avec les nausées causées par le traitement, c’était une épreuve. » Et finalement, les chevaux ont été une aide précieuse pour surmonter cette épreuve.

Doit-on vraiment expliquer pourquoi le contact des chevaux nous fait du bien ?
© FEI/Christophe Taniére

« Proposer des bulles d’oxygène »

C’est le fondement de ce projet : permettre au public visé de partager un moment d’échange « au son des chevaux (…) qui nous entourent« . Les soins proposés seront divers : Activité Physique adapté, certes, mais également méditation, groupes de paroles, conseils en nutrition ou encore activités esthétiques, aspect trop souvent négligé de la prise en charge. Le Concept Sport, Cheval, Santé a d’ailleurs été labellisé pas le CDOS et Sport Santé – Activité Physique Adapté. La région Auvergne-Rhône-Alpes soutient également Emmanuelle Fessy dans sa démarche.

« Le concept consiste à venir s’évader »

« S’assoir dans un salon, se poser, prendre un café, prendre le temps. On est trop souvent pressés, déplacés de salle en salle et de traitement en traitement. » Des petits groupes de personnes seront accueillis à quelques kilomètres de Saint-Etienne dans une écurie avec 6 chevaux.

Patients de Haut Niveau

« On est un peu comme des sportifs de haut niveau : on se prépare pour les grosses échéances de nos traitements, on connaît des victoires mais également des moments très compliqués de doutes et de remise en question. (…) J’ai suivi de près la préparation d’un très bon ami, Pierre Volla, pour les Jeux Olympiques, (…) et le parallèle s’est imposé à moi. »

Avant le diagnostic de son cancer du sein, il y a deux ans, Emmanuelle Fessy avait un projet d’accompagnement des sportifs de haut niveau à la fois dans leur préparation mentale et physique. « C’est fou comme ils sont livrés à eux-mêmes, notamment dans l’accompagnement après les échéances. Revenir des Jeux, par exemple, ça laisse un grand vide. C’est difficile à gérer psychologiquement.« 

C’est ainsi que ce projet s’est finalement remodelé pour s’adresser aux patients. « Offrir à la fois un accompagnement psychologique, un moment loin de la pression que l’on subit tous les jours pendant des années. C’est le pouvoir qu’ont les chevaux.« 

Mais, l’aspect Haut Niveau ne s’est pas tout à fait effacer. Notamment via des conférences proposées en parallèle de toutes les autres activités. Pierre Volla, athlète olympique, et Anne Frédérique Royon, athlète paralympique, interviendront notammnent.

Un projet sportif personnel

Emmanuelle est également portée par un projet personnel, celui d’atteindre elle-même le Haut Niveau. « J’ai malheureusement perdu le cheval qui devait m’emmener sur les épreuves Pro. On a tout fait pour le sauver. Aujourd’hui, je monte un bon 7 ans dans les épreuves jeunes et on construit tranquillement ensemble. C’est un cheval que j’ai fait naître, c’est une belle histoire. »

Bien sûr, l’ambition est personnelle mais le Haut Niveau vient avec son lot de visibilité, et c’est l’idée derrière la tête d’Emmanuelle Fessy. À l’objectif de courir des compétitions internationales s’associe l’envie de faire rayonner le projet Sport, Cheval et Santé.

Nous souhaitons beaucoup de réussite à Emmanuelle dans ses deux projets menés de front et beaucoup de courage dans la suite de son traitement. Nous suivrons ça de très près ! Vous aussi ?

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