Flash : retour sur les championnats d’Europe avec Charlotte Bordas
Mais quelle année pour la famille Bordas et en particulier pour Charlotte. Nul doute que le 17 septembre 2023 restera gravé dans les mémoires entre la magnifique médaille d’Or de Charlotte aux Championnats d’Europe avec Firewall des Aucels Z et le sacre de Hermès Gay au Championnat de France des 6 ans le même jour. Une année riche en émotion et en apprentissage pour la jeune cavalière.
Nous avions échangé avec Charlotte Bordas deux mois après son arrivée chez Tom Carlile. Elle vient de quitter l’écurie. Il est donc temps de dresser un bilan de cette année passée chez lui, d’évoquer ses Championnats et de parler du futur !
Se confronter à la « vraie vie »
Cette année passée chez Tom a été très riche en enseignement. « J’ai eu la chance de pouvoir me confronter à la vraie vie d’une écurie de haut niveau. J’en ai appris énormément et je remercie Tom pour son accueil. », annonce d’entrée de jeu la cavalière. Charlotte évoque non seulement l’expérience acquise en montant beaucoup de chevaux différents, du plus jeune au plus expérimenté, les progrès réalisés avec ses propres chevaux mais aussi sur le fonctionnement d’une écurie.
« Je n’avais pas idée réellement de l’investissement que cela représentait, tant d’un point de vue financier que personnel. Lors de cette année, j’ai pris conscience de l’implication qu’il faut avoir et des problématiques auxquelles on est confronté. Je pense notamment la difficulté à trouver du personnel, la gestion de l’écurie au quotidien et tout ce qui l’entoure. Et, j’encourage vivement tous les cavaliers que je rencontre à aller travailler dans une écurie pour se rendre réellement compte de ce que c’est ».
Une année faite de hauts et de bas
Cette année d’immersion a été composée de (très) hauts et de (très) bas. Le souvenir le plus heureux de Charlotte (sans parler des Championnats) étant la victoire de Golden au Mondial du Lion. « C’était incroyable. En plus c’est un amour de jument. Et, même si Hermès le matin même loupe le podium à cause d’une barre à terre, c’était une journée exceptionnelle. Cette jument est vraiment fantastique. J’ai eu l’occasion de pas mal la monter et elle a un cœur en or. Alors, dans le cas de victoires comme celle-ci, on a un peu l’impression d’y avoir contribué ».
Et, dans les souvenirs difficiles et douloureux il y a bien sûr en premier lieu la mort d’Upsilon. « J’étais arrivée quelques mois avant. C’était très dur. » Et, autre moment compliqué : la blessure de Darmagnac de Beliard alors qu’il avait si bien entamé la saison avec une victoire lors du Grand National de Saumur et une deuxième place à Pompadour. « On se rend compte que tout peut vite basculer. Et c’est dur. »
Et, ces deux coups durs ont été suivis par la blessure d’As Boy de Kappa, l’un des chevaux de la cavalière. « On avait un peu l’impression que le sort s’acharnait ! Parfois je me suis demandée pourquoi on pratiquait un tel sport » confie Charlotte. Mais, il en fallait plus pour décourager la jeune cavalière qui a pris son courage à deux mains et a travaillé dur pour poursuivre sa progression avec Firewall des Aucels Z. « La saison n’a pas été linéaire, il y a eu pas mal de bas mais j’ai pu être sélectionnée pour les Championnats d’Europe en individuel ». Elle prend de l’expérience avec son cheval mais aussi en profitant de l’œil bienveillant et encourageant de Tom qui lui montre la voie.
En route pour les Championnats
Lors du concours qui précède le Championnat, Charlotte Bordas et Firewall sont engagés dans une Pro 3 au Haras du Pin. « Ça allait bien avec le cheval, alors je suis partie avec un excès de confiance. Il a dérobé sur le cross. J’avais tout simplement oublié de le monter. Mais cet électrochoc m’a fait du bien, je suis arrivée aux championnats d’Europe plus déterminée que jamais ».
Le stage préparatoire avant les Championnats à Cagnes-sur-Mer se déroule très bien. « Nous avions une superbe ambiance et étions à côté de la plage. Il nous a vraiment unis ». Arrivée à Montelibretti en Italie sous un soleil de plomb c’est une équipe entière qui se retrousse les manches pour le bien-être des chevaux. « Nous sommes allés chercher des ventilateurs, avons installé un pare-soleil devant les boxes. Tout le monde était vraiment soudé. » se souvient Charlotte.
Les meilleurs Championnats d’Europe de Charlotte
Une cohésion d’équipe qui est restée tout au long du championnat. « Au-delà de la médaille, c’est de loin le meilleur championnat que j’ai vécu. L’ambiance dans l’équipe était extraordinaire il n’y a pas eu une seule histoire. » Arrive la visite véto. Tous les chevaux sont acceptés. Les cavaliers travaillent la reprise de dressage et Firewall fait bien son travail. Vient le tirage au sort. Charlotte est numéro 11. « Là j’ai eu un petit coup de blues. Je me dis que ça va être compliqué pour bien se placer. Mais très vite je remonte la pente et je me concentre ». Charlotte déroule ce qu’elle qualifie de : « la reprise de mes rêves. En sortant de piste, je me dis que là où j’en suis et avec le cheval que j’avais, je ne pouvais pas mieux faire. » À l’issue du dressage, elle termine à la 7e position avec 28,60 points à moins de 4 points de la tête.
Un cross très technique
Lorsqu’elle reconnaît le cross, Charlotte Bordas est concentrée « comme jamais ». « Même ma mère n’en revenait pas » s’amuse-t-elle. Elle le récite comme une poésie sans un moment de doute. « Il n’était pas très massif mais il était très technique avec de nombreux enchainements de combinaisons, pas un moment pour souffler et surtout une chaleur écrasante. » Le premier cavalier de l’équipe, Lucas Brun, rentre maxi et vient lui transmettre les informations importantes avant son départ. « Firewall était guerrier comme jamais. Il était dingue. On sentait qu’il avait envie de se donner ! ». Elle rentre donc dans le temps et conserve son score du dressage pour terminer cette épreuve à la 4e place.
Le soir même lorsque les cavaliers présentent les chevaux à Catherine Kitten, la vétérinaire de la FFE pour faire le point, Firewall a très bien récupéré. « Il était encore en coup de cul. On aurait dit qu’il était fier de lui. »
Le stress de la visite véto
Le lendemain c’est le grand jour avec notamment la visite véto. « Je crois que c’est le pire moment du concours. L’épreuve la plus stressante, même si je savais que Firewall allait bien ». Elle assiste dépitée au recalage de Vizir des Tournelles, le cheval de Lucas et sent l’angoisse monter en attendant l’approbation des vétérinaires pour Firewall. « Heureusement, Fire a passé la visite avec succès. » Et, le malheur des uns fait le bonheur des autres dit le dicton. Le cheval de l’Irlandaise Chloé Fagan, Comte Lignère Z, alors 1ère au provisoire ne passe pas la visite non plus et l’équipe décide de ne pas le représenter. « Je me retrouve donc à la 3e place. Et finalement ça me met encore plus de pression car je sais que si je ne commets pas de faute, la médaille est à la clé ».
Un CSO haletant
Le parcours n’est pas évident. Et, avant que Charlotte ne passe, aucun n’a réussi à le boucler sans faute dans le temps. « Je détends avec Pascal Forrabosco qui a dû un peu s’inquiéter suite à la détente. En fait, comme d’habitude, Fire s’est arrêté sur le premier obstacle. Mais j’ai l’habitude, c’est toujours le cas. Donc pour moi cette détente n’était ni exceptionnelle ni mauvaise ! ». Mais, si Firewall saute extrêmement bien il est aussi très délicat sur cette discipline et préfèrera s’arrêter que de commettre une faute. « J’avais donc une pression de dingue parce que le podium me paraissait à la fois à ma portée mais en même temps rien n’était joué. Mais, juste avant que j’entre en piste, Michel Asseray m’indique que même si je sors de piste avec 4 ou 5 points, je conserve ma place ».
C’est donc plus sereine que Charlotte entre en piste. Le parcours qui doit se courir dans le galop en avançant convient bien à Firewall. Ils bouclent le tour sans faute. « C’était le tour de ma vie ! » La médaille est assurée. La cavalière britannique qui est devant elle commence très bien son tour. Mais, elle faute à plusieurs reprises sur la fin du parcours et termine avec 12 points sur les obstacles et un peu de temps dépassé ce qui la fait reculer dans le classement. « Je me retrouve donc avec la médaille d’argent. Et pour le coup, même si j’étais hyper heureuse, c’était presque frustrant comme place » dit Charlotte en rigolant. Et, la cavalière allemande jusqu’alors en tête faute dès le premier obstacle et laisse plusieurs barres à terre.
Championne d’Europe !
« Je me suis alors retournée et j’ai dit, je crois que je suis Championne d’Europe ! » C’était bien le cas. Un moment qu’elle a pu partager avec ses parents mais aussi ses grands-parents qui avaient fait le déplacement. « C’était vraiment incroyable même si j’avais du mal à réaliser, moi sortie de ma Sarthe native j’étais Championne d’Europe ». C’était une journée incroyable pour la famille Bordas qui avait appris pendant la reconnaissance du CSO que leur superbe Hermès Gay venait de remporter le titre de Champion de France avec Thomas.
Assurer l’avenir
De retour aux écuries, le travail reprend et Charlotte est un peu prise de mélancolie. « Fire était en vacances bien méritée, As en rééducation, la vie de l’écurie reprenait à 100 à l’heure et c’est là que j’ai réfléchit à la suite ». La jeune cavalière prend donc la décision de reprendre ses études. « Je vais attaquer en mars une formation en comptabilité et gestion à distance. Cette expérience chez Tom m’a fait comprendre qu’il était indispensable d’avoir un double cursus pour assurer ses arrières. Et, je crois que j’avais aussi besoin d’avoir plus de temps pour moi et pour prendre soin de mes chevaux ».
Au mois de janvier, elle a donc quitté les écuries de Tom Carlile pour aller s’installer dans les écuries d’Edouard Chauvet. Mais, elle n’est pas partie les mains vides ! Si, bien entendu As Boy et Fire étaient du voyage, elle a aussi récupéré Hermès Gay qui évoluera désormais sous sa selle. « Et, entre temps mes parents ont aussi acheté un cheval pour lequel j’ai eu un véritable coup de cœur le jour de mon arrivée au sein de l’écurie : In Texo Rose. » Un fils d’Upsilon et de Quick Stars qui d’après les dire de sa nouvelle cavalière est aussi talentueux que son papier ! « Je fonde beaucoup d’espoir en lui. Il est exceptionnel ». Et, à l’avenir elle pourra aussi compter sur Kome Back d’Uto, un quatre ans de l’élevage familal qui est pour l’instant reparti brouter l’herbe de la Lozère pour finir sa croissance tranquillement.
Vers un doublé ?
« Pour la suite du programme, je vais attaquer au Grand National avec Fire, As Boy dans la Pro 3 et au mois de mars, je ferais une formation 3 avec In Texo. Je n’ai pas encore planifié de concours avec Hermès. Je veux d’abord apprendre à le connaître et que l’on forme un couple. Je n’ai aucun objectif avec lui et c’est encore un grand bébé ». As Boy de Kappa est à la vente. « Je ne peux pas tous les garder. Et, c’est un tel maitre d’école que je trouve cela égoïste de le garder pour moi. Et, je souhaite à tout le monde de croiser la route d’un As Boy ». Quant au jeune Kome Back, il ne courra pas cette année.
Pour la saison, Charlotte Bordas pourra donc compter sur l’aide d’Édouard Chauvet sur les barres, de Jean-Pierre Bianco en dressage et de Thierry Touzaint pour le cross. La proximité des écuries avec l’ENE aidant bien. « Nous avons de superbes installations à la maison avec une belle carrière de CSO, une carrière de dressage, une piste de galop et je ne suis qu’à 20 minutes de l’ENE et 30 minutes de Verrie pour aller travailler les chevaux. C’est vraiment génial ».
Tout ce qu’il faut pour la cavalière pour remettre son titre en jeu cette année. Son objectif : être régulière dans ses classements pour, si possible, intégrer l’équipe, conserver son titre individuel et le doubler avec une médaille par équipe ? En tout cas c’est tout ce que l’on souhaite à la pétillante Charlotte Bordas !
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